Installation et vidéo

Lors de leur deuxième visite au Favril les cours d’eau avaient laissé place à une terre sèche et craquelée.
Charmes, bouleaux, tilleuls, peupliers : les feuilles des feuillus un peu partout en France étaient tombées au cœur de l’été. Pour qui a assisté au phénomène, c’était un enchantement ambigu, une élégie, un trouble.

Cléa et Eric ont ramassé des pierres dans le lit de la Riviérette asséchée. Cette rivière normalement coutumière d’importantes crues court dans l’Aisne et dans le Nord et passe par La chambre d’eau. La Riviérette est devenue pour eux un fil conducteur qui relie des histoires, qui provoque des rencontres. 
Iels ont rencontré une maraîchère, un ingénieur hydraulique, des éleveurs, des enfants, des enseignantes… 
Certains leur ont raconté : «Ce sont les mêmes lieux parcourus depuis toujours, mais ils ne sont plus les mêmes. Le cycle des saisons est chamboulé et nous avons parfois l’impression de ne plus reconnaître ces paysages familiers».

Sur certaines pierres polies par l’eau iels ont gravé à l’aide d’un laser leurs portraits.
Sur d’autres des messages. 

Le duo d’artiste propose à chacun de participer à un événement filmé, une fête de l’eau, une procession, un jeu d’enfant. Chacun dépose une pierre gravée dans la Riviérette. 

Ces pierres, comme les pierres de la faim, apparues il y a peu au bord de l’Elbe et du Rhin, font office de repère hydraulique. Elles agissent comme des monuments commémorant ou avertissant. 
Si les précipitations sont suffisantes, les minéraux gravés sont cachés par l’eau qui court.
Si la saison est sèche, elles sont visibles. 
Il est alors possible qu’au hasard d’une promenade un marcheur les rencontre, qu’il découvre des regards venus d’un autre temps.


Crédits photos : Cléa Coudsi et Eric Herbin