Du 11 au 16 octobre - au 232U

Présentation d’une étape de travail le vendredi 15 octobre à 20 h au 232u, ZAE La Florentine, Aulnoye-Aymeries

Mise en scène / danse : Ephia Gburek

Accordéon / jeu sur scène : Vincent Valente

Collectes visuelles et sonores : Céline Pierre

Collaboration à la mise en scène/ lumières : Stéphane Raveyre

En 2019, la chorégraphe Ephia Gburek exerce sa danse dans un service de neurologie auprès de patients sortant de longues périodes de coma. Avec chaque patient, lors de la rencontre, une trace est laissée : dessins de contour de mains reliés à une expérience sensible du corps. Sensations et imaginaires partagés se démarquent d'un écoulement de jours à l'identique : alités, blanchis, aseptisés, appareillés sans vrai sommeil ni éveil.

À la lisière de la danse, du théâtre et de la performance, Les Mains de L'Argentière découle d'une volonté documentaire et poétique de partager des portraits anonymes de patients qui ont laissé leurs empreintes dans le corps de la danseuse. Elle revisite avec le public ces présences humaines liminales, ces temporalités étirées, presque inconnues.

Les Mains de L'Argentière invite le public dans l'intimité d'une visite en chambre. Dans cette proximité rare, nous témoignons d'émergences inouïes et de nouveaux départs vers les profondeurs intérieures. La scénographie minimaliste suggère la chambre d'hôpital : un lit, une chaise qui évoque le fauteuil roulant, des stores translucides, un vieux téléphone — objet archaïque et cassé qui signale la communication rompue. Le lieu et les objets prélevés de l'institution seront entièrement recouverts d'argile blanche, déversés puis séchés, craquelés. « Saisi » dans le temps, à la fois lunaire et désertique, cet espace matérialise l'absence : une chambre ensevelie et abandonnée après un séisme, après l'accident qui détournera la course d'une vie.

On retrouve le musicien alité. L'accordéon contraint et altère son physique, devient l'excroissance d'une cage thoracique et évoque le souffle des ventilateurs, ou le va-et-vient de la marée. Le duo, musicien et danseuse, travaille en étroite complicité, recréant ce monde hospitalier où la solitude se diffuse. Ils incarnent tous les deux soignants ou soignés, corps qui porte, corps porté, infirmière, brancardier, membre de la famille. Sans cesse les rôles s'inversent. Réalités et modes de conscience glissent. Ils traversent des immobilités troublantes, des lenteurs extrêmes, puis l'activité désordonnée d'un corps revenu des limbes.

Dans une atmosphère de temps suspendu, imprégnée de silence, ils dévoilent des existences hors du commun, sublimes êtres-états qui transgressent ceux de notre quotidien. D'un corps fossilisé émergent un soupir, un tremblement, un battement de paupières. Ces micros-événements, cataclysmes d'éveil, racontent l'humain.

Une production de la Compagnie Djalma Primordial Science, soutenue par la ville de Saint-Étienne et le département de La Loire, Le Chok Théâtre, La Fab-ka, La Chambre d'eau, Le Théâtre de Chambre / 232U, et La Filature du Pont de Fer.