Crédit photo : Benoît Ménéboo

Léa Habourdin, photographe, est venue explorer notre territoire à la recherche d’une matière première à la photographie. Une matière non seulement visuelle par la prise de vue mais également par le procédé même de prise de vue car l'artiste s’appuie sur une technique photographique : l’anthotype, qui utilise les éléments naturels comme pigment pour ses tirages.

Pour ce faire, elle récolte donc des plantes dans le territoire dans lequel elle travaille afin d’en tirer une “encre” avec laquelle elle va développer ses négatifs.

Crédit photo : Benoît Ménéboo

La résidence alterne entre exploration du territoire seule ou accompagnée de “guides” (habitant·e·s du territoire, usager·ère·s de la forêt…), temps de prises de vue, recherche de plantes pouvant servir à sa production et essais d’impressions.


Images-forêts : les amitiés est un projet de réparation, une ouverture vers les derniers espaces naturels et protégés. Ce travail part d’un constat simple relaté dans l’article Where are Europe’s last primary forests de Diversity and Distribution : les forêts primaires n’existent plus en France Hexagonale. Ce sont les forêts intouchées qui ont réussi à survivre, des lieux naturels qui n’ont pas subi une influence forte de notre part ces dernières décennies.

Ces trois dernières années ont été consacrées à ces forêts « sacrées », tenues secrètes, interdites d’accès, listées comme des lieux à surveiller, elles sont interdites aux humain.e.s, sous peine de détruire leur « naturalité ». Ce que je n’avais pas imaginé, c’est qu’au grè des rencontres se dessinait une autre « classification », plus intime. Car il existe un endroit où le loup passe souvent, R. m’y a emmenée ; il existe un endroit où G. salue invariablement cet hêtre remarquable ; il existe cette tourbière qui sent l’herbe mouillée, il existe ce chemin où cueillir des baies de genévrier. Ces lieux ne sont pas « vierges » ni « primaires », leur importance tient à ce partage, à cette phrase « je vais te montrer » et aux histoires intimes qu’ils portent. En découlent des images sur textile, teints avec des plantes trouvées autour du Moulin ou des restes de mes repas, des images que l’on croit connaître déjà, à la matérialité douce. - Dans la lignée de ses recherches sur les besoins de l’humain.e dans les milieux sauvages — les séries « Survivalists » et « Sur les ruines (d’un futur que nous ne verrons pas) » — cette recherche est aussi une manière de revendiquer la survie par l’image, l’autosuffisance par la plantation et/ou la reconnaissance de végétaux extrêmement photosensibles. Il s’agirait non plus de savoir se reconnecter à un fantasme du chasseur-cueilleur mais plutôt à inventer un.e humain.e « icono-producteur / icono-productrice », se nourrissant d’images-végétales.